Personnel de l'université

Sylvie MOREL

Maîtresse de Conférences en Sociologie

Coordonnées

UFR de sociologie, Université de Nantes. Bâtiment Tertre Chemin de la Censive du Tertre 44300 Nantes

Bureau
F223
Tél
0253487774 (n° interne : 447774)
Mail
Sylvie.Morel@univ-nantes.fr

Discipline(s) enseignée(s)

Sociologie

Thèmes de recherche

Les inégalités géographiques et sociales d’accès aux soins ; Sociologie des problèmes de santé publique ; sociologie du travail ; migration et santé ; sociologie de l’urgence ; Sociologie du genre/Droits procréatifs des personnes trans'

Activités / CV

Formation universitaire

2020 Maîtresse de conférences en sociologie, Université de Nantes
2016 Obtention de la qualification aux fonctions de Maître de conférence section 19- CNU (Sociologie, démographie).
2005-2014 Doctorat de sociologie, Université de Nantes, CENS. Titre: « L'urgence à plusieurs "vitesses": Fracture territoriale et inégalité sociale dans l'accès aux soins d'urgence en France. Genèse et réalité d'un sous champ sanitaire », Thèse dirigée par Jean-Noël Retière. Soutenue publiquement le 11 décembre 2014. Mention très honorable avec les félicitations du jury (à l'unanimité).
2004-2005 Master 2 Recherche de sociologie, Université de Nantes, CENS. Mention très bien.« Socio-histoire des services civils du secours mobile d'urgence individuelle : Volontaires, bénévoles et professionnels ; Institutions publiques, associations, entreprises privées », Mémoire dirigé par Jean-Noël Retière. 

Principales publications

Articles dans des revues scientifiques internationales à comité de lecture
Morel S., « Urgence et tri. La production de files d’attentes socialement stratifiées pour l’accès aux soins d’urgence », ARSS, décembre 2023
Morel S., « Inequalities and discriminations in access to emergency care. Ethnographies of three healthcare structures and their audiences », Social Science & Medicine, Vol. 232, Juillet 2019, pp. 25-32
Cottereau V., Morel S., « Les migrants subsahariens primo-arrivants atteints de VIH-sida en France : Lieux de diagnostic et expériences de la santé », Revue Espace, Territoires, Sociétés et Santé, vol. 2, n°3, juin 2019, pp. 8-19.
Morel, S. et Cottereau, V.,« L’accès aux soins des migrants primo-arrivants : Les soignants face aux discriminations dans l’expérience de la maladie chronique (VIH) en France », Emulations - Revue de sciences sociales, 2020, (35-36), p. 81-94.


Article dans des revues scientifiques nationales à comité de lecture
Gandré C., Moreau D., Coldefy M., Ben Dridi I., Morel S. Surmortalité des personnes vivant avec un trouble psy­chique : enseignements de la littérature et perspectives. Revue Santé publique, 2022/5 (Vol. 34), pp. 613-619.
Morel S., "Chaque pays, en fonction de son système de soins, choisit ses morts?!" Revue française d'éthique appliquée 2020/2, N° 10, pp. 8-11.   Morel S., « Chaque pays, en fonction de son système de soins choisit ses morts », Les cahiers de l’espace éthique, Octobre 2020, p. 54-55.
Morel S., « De transporteurs à soigneurs ? Vers une segmentation du travail des ambulanciers privés français », Sociologie du travail, Vol. 60 - n° 1 | Janvier-Mars 2018.
Morel S., « Se défaire du savoir savant. Réflexions autour d’un engagement ethnographique avec les ambulanciers », Genèses, 112, 2018, pp. 140-153.
Derrendinger I., Morel S., « Les soins gradués sont-ils des soins dégradés ? », Les dossiers de l’obstétrique, mai 2018.
Morel S., « La fabrique médicale des inégalités sociales dans l’accès aux soins d’urgence. Ethnographie comparée de deux services d’urgence public et privé », Agone, n°59, « Quand la santé décuple les inégalités », 2016, pp. 73-88.

Contributions à des ouvrages collectifs
Reignier A., Morel S., « Expériences trans en CECOS : normes procréatives, évolutions juridiques et positionnements professionnels » In : Elsa Boulet, Ronald Guilloux, Enfanter, entre normes médicales et représentations sociales, Editions Erès, 2024.

Morel S., « Urgence et tri des patient.e.s. Entre normes médicales et économiques, quelle éthique du soin possible ? » In : Weil-Dubuc (dir), La valeur de la santé. Questionnements à la croisée de l'éthique et de l'économie, Editions Erès, 2024

Morel S., « Transporter des "corps pathologiques". Une immersion dans le quotidien des ambulanciers privés », In :  Memmi D, Raveneau G., Taïeb E., dir., Le social à l'épreuve du dégoût, PUR, le Sens Social, 2016, pp. 151-162.

Mazaud C., Morel S., « Faire la preuve : les organismes de formation et les jeunes face à l’évaluation », In : Denecheau B., Houdeville G., Mazaud C., dir., A l'école de l'autonomie. Epreuves et enjeux des dispositifs de deuxième chance, L’Harmattan, 2015.
Morel S., « Lutter contre la mort violente : l’exemple de la politique d’urgence sanitaire au 20ème siècle », In : Dabouis G. dir., La mort, L’Harmattan, Coll. Logiques sociales, 2010, pp. 97-108.

Activités de recherches (récentes : les conférences réalisées à l'occasion de colloques nationaux et internationaux ne sont pas mentionnése)
2023-2024  : Co-responsable scientifique de la recherche "Access to oocyte cryopreservation and medically assisted reproduction for trans men in France », financée par le Ferring Grant dans le cadre de l’appel à projet « Equity in Reproductive Medicine and Maternal Health 2022".
2024-2025 : Responsable scientifique du volet qualitatif du projet Qualitrauma : « Résultats standardisés chez les patients souffrant de lésions cérébrales traumatiques modérées à graves..."
2022-2024 :
Responsable scientifique du projet "Les enjeux politiques et la question des usages et non usage des nouvelles technologies : approches socio-anthropologique d'un territoire essonien", AAP DREES/SEES/MIRE 2021.
 

Informations complémentaires

Sylvie Morel est maîtresse de conférences en sociologie à Nantes Université. Spécialisée en sociologie de la santé et des inégalités, elle conduit ses recherches depuis 15 ans sur différents terrains de santé : les urgences, la cancérologie, les maladies infectieuses (VIH, hépatites) et plus récemment, la médecine de la reproduction. S’agissant de cette dernière recherche, menée en collaboration avec les professionnel.le.s de santé et les personnes trans, elle vise à identifier et lever les obstacles à l’accès aux soins procréatifs : autoconservation des gamètes et aide médicale à la procréation.
Plus généralement, les travaux de Sylvie Morel visent à comprendre les processus de (re)production des inégalités sociales et territoriales de santé en interrogeant les politiques publiques, les pratiques professionnelles et les expériences des personnes soignées à partir des problématiques d’accès aux soins, de discriminations qu’elles soient fondées sur la classe sociale, l’âge, l’origine ethnique, le handicap (psychique, physique), le genre, l’orientation sexuelle, etc.


Doctorat de sociologie
Mon doctorat de sociologie aborde la problématique de l'inégalité dans l'accès aux soins d'urgence en France, dans sa dimension tant géographique que sociale.
Une enquête ethnographique réalisée en immersion dans une entreprise privée d'ambulances durant sept années, fait apparaitre concrètement l'existence d'une inégalité territoriale des citoyens devant l'urgence, qui prend la forme d'une fracture entre d'une part, un milieu urbain sur-dote en offre de soins d'urgence et d'autre part, un milieu rural cumulant les obstacles al'acces aux soins d'urgence : éloignement des services d'urgence et des SMUR, permanence des soins, etc. A rebours des discours politiques d'excellence sur le soi-disant, « meilleur système d'urgence au monde», cette première partie du travail montre que le paradigme de « médicalisation des secours », cher au modèle français, non seulement échoue dans sa mise en œuvre mais empêche voire freine, toute approche alternative - paramédicale - du problème. A l'instar de nombreux professionnels terrain, les enseignements issus d'une brève comparaison internationale invitent le chercheur a se départir d'une lecture médicale du problème. Selon ces données, pour comprendre l'origine des inégalités géographiques en matière d'urgence en France, le regard sociologique doit se porter non pas, sur la question largement médiatisée des « déserts médicaux » mais sur celle, de l'inégale répartition des « territoires de compétences » entre les professionnels de l'urgence.
Parallèlement, une double enquête - ethnographique et statistique - menée auprès de 500 patients dans deux services d'urgence, l'un privé et l'autre public, a revélé l'existence d'inégalités sociales dans l'accès aux soins d'urgence. Elle a permis, plus précisément, de repérer quatre filières de soins d'urgence socialement différenciées, construites pour et par la profession médicale : la filière privée lucrative ; la filière publique ; la filière « socio-sanitaire » ainsi que celle de « contournement » des urgences qui permet au patient d'accéder au service de spécialité sans avoir a passer par la case « urgence ». L'analyse comparée révèle par ailleurs que la sélection « médicale » repose sur plusieurs critères qui, combinés entre eux, déterminent l'orientation des patients vers l'une ou l'autre filière : l'âge, le type de pathologie, la PCS et le type de couverture sanitaire. Sur ce dernier point, l'enquête montre que les populations précaires, sans couverture sanitaire sont aujourd'hui majoritairement orientées vers des lieux spécifiques - caritatifs - de prise en charge des soins d'urgence.
Au terme de dix années de recherche, un panorama sociologique des urgences engage le chercheur a poser la question suivante : l'urgence française ne serait-elle finalement pas malade de ses médecins?
Enjeux contemporains
Garantir pour chaque Français un accès aux soins urgents en moins de 30 minutes », tel est l'engagement n°9 de François Hollande a l'aube de son élection en 2012. Ce voeu politique s'est traduit par l'élaboration du « Chantier des urgences » présenté en octobre 2012 par la ministre en charge de la santé, Marisol Touraine. Le problème de la fracture territoriale dans l'accès aux soins d'urgence y est alors défini comme étant le résultat d'une inégale répartition territoriale des médecins . Dans ce cadre d'appréhension du problème, les mesures politiques retenues visent, tout logiquement, a limiter les ainsi nommés, « déserts médicaux ». Le choix de ces instruments d'action publique n'est toutefois pas neutre socialement car il légitime et naturalise une définition du problème, forgée et défendue par les urgentistes hospitaliers. Or, le croisement des observations et des discours recueillis auprès de nombreux professionnels, révèle que loin de constituer la panacée en matière d'urgence, le paradigme de médicalisation constitue sa faiblesse intrinsèque. Sur ce point d'ailleurs, une brève comparaison du modèle français avec ceux d'autres pays européens et outre-Atlantique ayant privilégié une approche « paramédicale » des urgences, montre que la réputation d'excellence mondiale du système d'urgence français doit être accueillie avec circonspection. Ainsi, au terme de cette enquête, il apparait qu'une délégation sur protocoles de certaines compétences dites de « médecine d'urgence », à des professionnels «paramédicaux» plus nombreux et mieux repartis sur le territoire, permettrait de réduire sensiblement les inégalités géographiques dans l'accès aux soins d'urgence.
La seconde partie du travail montre que même si en matière d'urgence, les pratiques de sélection sont a priori impensables, les intérêts médicaux et ceux des établissements de soins conduisent a l'existence d'inégalités sociales dans l'accès aux soins d'urgence. Plus généralement, les conclusions de cette recherche encouragent les chercheurs et chacun d'entre nous, a sortir des cadres d'analyse binaires - « médecine de riche, médecine de pauvre » - couramment mobilisés dans les discours publics sur l'exclusion socio-sanitaire, pour conclure a l'existence, en France, d'un système de soins à plusieurs « vitesses » sociales.
Mis à jour le 26 novembre 2024.
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