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"Profitez d'être étudiant.e pour vous lancer, il n’y a pas de meilleur moment pour entreprendre !" Le témoignage de 3 étudiant.e.s-entrepreneur.e.s de Nantes Université

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Camille, Richard et Kevin sont animé.e.s par la même ambition : porter un projet entrepreneurial participant à la valorisation des biodéchets. En 2018, ils.elles obtiennent le SNEE et intègrent les parcours d'accompagnement délivrés par le Pepite des Pays-de-Loire. Le "courant passe bien" entre les 3 étudiant.e.s-entrepreneur.e.s qui décident d'unir leurs forces autour de OuiVALO, le projet initialement porté par Camille. Rencontre avec ces trois associé.e.s qui nous en disent plus sur leur parcours et leur expérience d'étudiant.e.s ET entrepreneur.e.s.

Vous êtes les associés du projet OuiVALO. Pouvez-vous nous parler de vos parcours ?

Camille : Je suis passée par l’École de Design Nantes Atlantique. J’y ai suivi un cursus design produits en alternance aux côtés de Doudou et Compagnie et Thales. Puis pendant une année de césure, j’ai découvert le monde du développement durable à Nantes. J’ai été bénévole puis volontaire en service civique dans une association d’agriculture urbaine, Bio-T-Full. Enfin, j’ai sauté le pas vers l’entrepreneuriat avec les programmes d'accompagnement labellisés Pepite et le DIU Étudiant-Entrepreneur.

Kévin : Je suis double-diplômé Ingénieur-Manager à l’IMT Atlantique et Audencia, spécialisé en développement durable et en entrepreneuriat social. J’ai mené mes premières expériences professionnelles en gestion des déchets et énergies renouvelables et j’ai pu participer également à la création d’associations culturelles.

Richard : Je suis diplômé d’un Master 1 Biologie Santé à la Faculté des Sciences et des Techniques de Nantes Université ainsi que d’un Master 2 Management et Administration des Entreprises à l’IAE. J’ai également suivi le DIU Étudiant-Entrepreneur. Très tôt intéressé par l’entrepreneuriat, j’ai eu l’occasion d’avoir plusieurs expériences en création de projet à travers le programme Les Entrep’, en parallèle de mes études.


À l’origine, OuiVALO était uniquement porté par Camille. Quels étaient vos projets respectifs Richard et Kévin ?

Kévin : Au cours de mes études, j’ai été formé à la valorisation de la biomasse et à la production d’énergie et de terreau à partir des biodéchets. Pourtant, au quotidien dans mon appartement, je jetais mes épluchures et restes de repas (qui représentent un tiers de mes poubelles) dans les ordures communes, direction l’incinérateur.

J’ai donc souhaité proposer des solutions de valorisation des biodéchets en ville au plus proche de leur lieu de production. J’ai proposé aux grandes surfaces des services d’accompagnement pour la valorisation in situ de leurs biodéchets en énergie et terreau. Je proposais des diagnostics de leur production d’énergie et de déchets, des études de faisabilité de projets de valorisation in situ et un plan d’engagement de leur clientèle dans leur démarche de valorisation locale.

Richard : Bonne question ! J’ai beaucoup évolué depuis mon projet d’origine… (pose longue, air pensif). J’ai tout d’abord souhaité m’attaquer à l’impact environnemental des litières pour animaux, notamment celles des chats. Un déchet que l’on sous-estime et qui représente 400 000 tonnes par an enfouies ou incinérées. Si l’enjeu était de taille, la logistique nécessaire au traitement de ces déchets était trop importante pour développer mon activité, en partant de zéro. 

J’ai tourné mon attention vers les déchets alimentaires, notamment ceux issus du CROUS. Chemin faisant, je me suis rapproché de Camille et Kévin via des réunions informelles visant à partager nos connaissances sur les biodéchets (législation, technologies, réseau, contacts). 
 


Avant de vous lancer dans l’entrepreneuriat, quelle vision en aviez-vous ? Qu’est-ce que la figure de l’entrepreneur représentait pour vous ?

Camille : Avant de me lancer, cette figure m’inspirait beaucoup et elle continue ! Pour moi, il s’agissait d’une figure un peu mystique de la création. L’entrepreneuriat était pour moi synonyme de réussite absolue, alors qu’au final, ce sont beaucoup de tests et de rencontres.

Kévin : Je vois l’entrepreneur comme un leader désireux de façonner la société de demain et d’y apporter ses valeurs. L’entrepreneuriat permet autonomie, responsabilité et liberté qui sont les clés d’une carrière pleine de sens qui nous permet de nous épanouir au quotidien. C’est pour moi une aventure collective humaine, véritable ascenseur émotionnel plein de challenges et d’adrénaline.

Richard : Très honnêtement, au début, j’imaginais un entrepreneur comme une personne sans peur, qui prend beaucoup de risque et capable de soulever toutes les montagnes par la seule force de sa volonté ! Il s’avère que c’est tout à fait ça, avec les galères qu’on ne voit pas en plus. Mais avant de soulever des montagnes, on doit déjà déblayer de nombreuses pierres. Si cette étape est chronophage, elle est aussi hyper stimulante intellectuellement.
 

À quel moment et pourquoi vous êtes-vous lancé·e·s dans l’aventure entrepreneuriale ?

Camille : Durant mon année de césure, je me suis demandé : « Ok. Je fais quoi après ? Je reprends les études et attends la fin de celles-ci pour monter mon projet ? Mais pourquoi pas le faire maintenant ? » On ne sait jamais de quoi demain sera fait. Quand on a une idée qui nous tient à cœur, il faut y aller !

Kévin : J’ai commencé dès le lycée à faire mes premiers pas dans l’entrepreneuriat, notamment en créant deux associations. Puis, j’ai développé différents projets dans le cadre de concours entrepreneuriaux. J’ai créé par la suite avec ma sœur une association plus importante, Âmes de Bretagne. J’ai décidé de vivre à fond l’aventure entrepreneuriale début 2018 en rejoignant la majeure entrepreneuriat d’Audencia. Accompagné par le Pepite des Pays-de-la-Loire, j’ai pu développer mon projet à temps plein et substituer mon stage de fin d’études.

Richard : À la fin de mes études, j’avais le choix entre ne pas accomplir ce que j’avais envie de faire au nom de la sécurité financière ou tenter ma chance en plongeant dans le grand bain. La suite on la connaît !
 

En entreprenant, on apprend à se connaître de manière accélérée. Camille Marhadour-Savary

 

Qu’avez-vous appris durant votre accompagnement par Pepite des Pays-de-la-Loire ?

Camille : Une méthodologie pour bien entreprendre : programmer, poser des objectifs, tester, rebondir !

Kévin : À Audencia, on m’a transmis des clés théoriques en matière de conduite de projet. Avec Pepite des Pays-de-la-Loire, j’ai appris l’effectuation, autrement dit, le fait d’aller le plus tôt possible au contact de ses cibles avec une première version de son produit pour confronter ses hypothèses sur le terrain.  

Richard : Il ne faut pas baisser les bras à la première infirmation d’une hypothèse (situation aussi appelée « no go »). En entrepreneuriat, ce qu’il faut retenir, c’est que lorsqu’une porte se ferme, ce sont 3 autres qui s’ouvrent ! 
 

Qu’est-ce que cela vous a appris de vous ? Quelles aptitudes personnelles avez-vous développé ? 

Camille : En entreprenant, on apprend à se connaître de manière accélérée. Les rencontres, les tests, les murs, les réussites, l’adrénaline de la création nous font apprendre beaucoup ! On retient vite une chose : "si tu ne vas pas sur le terrain, tu ne pourras jamais savoir".

Kévin : L’aventure entrepreneuriale m’a permis de développer essentiellement des aptitudes sociales. Cela m’a beaucoup ouvert aux autres et m’a forcé à exposer mes idées aux autres, les confronter, écouter les retours. Entreprendre m'a également permis de développer un réseau durable et des liens professionnels forts.

Richard : Lorsque l’on entreprend, on n’arrête jamais d’apprendre. Et pour une fois, la seule limite qui existe, c’est nous.   
 

À quel moment et pourquoi vous êtes-vous associés ?

Nos projets respectifs portaient tous sur la gestion et la valorisation des biodéchets et nous nous sommes assez tôt lancés dans des expérimentations communes. 

Par ailleurs, lorsqu’elle menait son projet seule, Camille a pu bénéficier d’un coaching individuel par BDO après avoir remporté le prix du jury du concours de pitch des étudiants-entrepreneurs de l’université. 

Arrivée à une certaine étape de l’accompagnement, elle s’est confrontée à la difficulté économique du projet. Nous avons compris qu’un modèle reposant sur nos 3 briques serait plus viable que nos projets individuels. Et surtout, le courant passait bien entre nous ! C’est à ce moment-là que nous avons décidé de nous réunir. 

Aujourd’hui, nous sommes accompagnés tous les 3 par BDO. Cet accompagnement nous pousse à connaître finement notre marché, de positionner OuiVALO de manière pertinente mais aussi à formuler une offre commerciale idéale. 
 

Aujourd’hui, nous connectons les distributeurs alimentaires et les citoyens afin qu’ils s’engagent durablement au retour des biodéchets à la terre.

 

À quoi ressemblait OuiVALO hier ?

Camille : OuiVALO a beaucoup évolué entre hier et aujourd’hui. Toutefois, l’ambition reste la même : permettre aux particuliers de valoriser leurs bio déchets

Lorsque je menais seule le projet, OuiVALO aidait les particuliers à se lancer dans le tri des biodéchets en leur proposant des bioseaux spécifiques et en les accompagnant dans leur démarche par via des ateliers.

Aujourd’hui, nous connectons les distributeurs alimentaires et les citoyens afin qu’ils s’engagent durablement au retour des biodéchets à la terre.
 

Comment fonctionne OuiVALO (cibles, modèle économique, partenaires, etc.) ?

OuiVALO s’adresse à deux publics, de la même manière que Blablacar. La plateforme de covoiturage s’adresse d’une part aux conducteurs qui souhaitent optimiser leur trajet, et d’autre part aux passagers qui souhaitent effectuer un trajet à moindre frais sans utiliser leur propre véhicule.

Chez OuiVALO, nous nous adressons d’un côté à des citadins qui cherchent des solutions pour pouvoir gérer leurs biodéchets au quotidien. De l’autre, OuiVALO s’adresse à des magasins alimentaires qui valorisent déjà leurs biodéchets mais qui peinent à rétablir le contact avec leur clientèle. 

Nous proposons aux citadins d’accéder à des points d’apport volontaire en magasin. Pour chaque point développé, ce sont 200 personnes qui pourront désormais composter et sauver près de 10 tonnes de biodéchets par an. Transformés en compost de qualité, celui-ci sera utilisé pour faire pousser les fruits et légumes que vous retrouvez dans vos magasins !

Les distributeurs alimentaires qui portent l’initiative entretiennent ainsi un lien durable avec leur clientèle. Enfin, pour mettre en place ce service clé en main, nous travaillons avec des acteurs locaux, engagés et professionnels de la gestion des biodéchets. 

OuiVALO repose sur une communauté composée de particuliers et de distributeurs qui souhaitent tous valoriser les biodéchets. Nous agissons en quelque sorte comme un chef d’orchestre qui coordonne l’ensemble des parties prenantes.
 


Quel est le rôle de chacun ? Comment vous répartissez-vous le travail ?

Nous travaillons tous les trois sur la stratégie d’entreprise. À ce stade, les rôles de chacun ne sont pas encore clairement établis. Toutefois, nous nous sommes attribués des missions : Kévin gère le côté commercial et le management de projet, Richard a pour mission de veiller au bon déroulement de la logistique et est aussi une précieuse tête chercheuse. Enfin, Camille active la communauté et les partenariats et est en charge de la communication. Elle a également un œil averti sur la R&D produits.
 

Peut-être avez-vous assisté à quelques Fringale ! Qu’est-ce que cela vous a apporté ?

Richard : Yes ! Cela m’a permis de rencontrer Philippe Comtesse qui a monté la recyclerie "Stations Services". Philippe est devenu mon mentor et il nous accompagne dans la création de notre projet !

Kévin : À plusieurs reprises oui ! Ce sont des temps forts inspirants, qui redonnent de l’énergie. Ce sont des retours d’expérience d’entrepreneurs qui donnent la force d’aller de l’avant, de persévérer.  

Camille : Oui ! J’ai assisté à celle de Victor Depoers qui est venu parler de son projet Zéphir & Borée. Son témoignage authentique et sincère m’a redonné du peps. Nous étions en quelques sorte confrontés aux mêmes problématiques mais à échelle différente.
 

Quelles sont les prochaines grandes étapes du projet ?

Nous venons de lancer notre première campagne de financement participatif ! Celle-ci va nous permettre de développer notre communication, rassembler notre communauté, faire émerger les premiers points d’apport et de faire parler du projet au-delà de Nantes ! En parallèle, nous prenons le temps de nouer des partenariats avec des acteurs engagés. 
 

Que diriez-vous à des étudiants de l’université qui hésitent à se lancer dans l’aventure ?

Profitez d'être étudiant pour vous lancer, il n’y a pas de meilleur moment pour entreprendre ! N’ayez pas peur d’aller à la rencontre des personnes qui vous inspire et soyez curieux. Le reste viendra !
 

Un conseil lecture, vidéo, une association, un événement, ou tout autre chose qui vous a inspiré récemment ? 

Camille : Je conseille le livre Les vertus de l’échec - que je renommerais "Les vertus de l’essai" ! Et un groupe pour phosphorer sur des problématiques sociales : la communauté Makesense

Kévin : L’entreprise TooGoodToGo qui au-delà de sa plateforme, met en place une réelle politique, des actions de sensibilisation et d’éducation pour avoir un impact fort dans la lutte contre le gaspillage alimentaire.

Richard : Le Guide du voyageur galactique. Pas grand-chose à voir avec l’entrepreneuriat mais je l’aime bien.
 
Mis à jour le 05 septembre 2024.
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