Personnel de l'université
Eric BATARD
Professeur des Universités - Praticien HospitalierCoordonnées
EA3826 Thérapeutiques cliniques et expérimentales des infections Faculté de médecine 1 rue Gaston-Veil 44000 Nantes
Discipline(s) enseignée(s)
Thérapeutique, Médecine d'Urgence, Lecture Critique d'Article, Sémiologie
Thèmes de recherche
BON USAGE DES ANTIBIOTIQUES ET MAITRISE DES RESISTANCES BACTERIENNES
L'usage des antibiotiques favorise l'émergence et la diffusion des résistances des bactéries aux antibiotiques. Deux classes d'antibiotiques, les céphalosporines et les fluoroquinolones, ont une capacité particulière à sélectionner des résistances bactériennes, comme nous l'avons montré, grâce à une collaboration avec le centre MedQual et l'Observatoire des Antibiotiques de l'OMEDIT des Pays de la Loire, à propos de la résistance d'Escherichia coli aux fluoroquinolones dans les hôpitaux et cliniques des Pays de la Loire (1).
Les antibiotiques sélectionnent les bactéries résistantes aux antibiotiques dans la flore résidente, et en particulier dans la flore digestive. L'étude du microbiote intestinal a été révolutionnée par le développement des nouvelles techniques d'amplification génique, qui ont levé le voile sur les bactéries non cultivables de la flore digestive. La maîtrise de ces nouvelles techniques et leur analyse bio-informatique offre de nouvelles opportunités dans la compréhension des mécanismes du portage d'Entérobactéries résistantes aux antibiotiques (2).
Améliorer l'usage des antibiotiques en favorisant la désescalade
En milieu hospitalier, les céphalosporines et les fluoroquinolones sont souvent prescrites dans les infections urinaires. Cette prescription, réalisée sur un mode probabiliste, est justifiée au début du traitement des infections urinaires parenchymateuses. Cependant, l'évaluation de la sensibilité de la bactérie en cause aux antibiotiques (antibiogramme) devrait permettre de "désescalader" l'antibiothérapie, c'est-à-dire de remplacer l'antibiothérapie initiale à large spectre (céphalosporine ou fluoroquinolone), par un antibiotique à spectre plus étroit, moins à même de sélectionner des résistances bactériennes. Cette désescalade n'est cependant pratiquée que dans moins de la moitié des cas (46%) où elle pourrait être faite (3).
Améliorer l'usage des antibiotiques en maîtrisant les prescriptions probabilistes
La surveillance des quantités d'antibiotiques délivrés peut être réalisée à l'échelle d'un service hospitalier. Dans notre service d'urgences, nous avons montré que la consommation de céphalosporines de 3ème génération a augmenté entre 2002 et 2012, passant de 9.7% à 22.6% de la consommation totale d'antibiotiques (4). Une étude multicentrique est en cours pour confirmer ces données au niveau national.
A côté des infections urinaires, les infections respiratoires basses constituent un motif fréquent de prescriptions d'antibiotiques aux urgences. Nous avons montré qu'entre 2002 et 2012, la proportion de patients traités par céphalosporine pour pneumonie aux urgences avait doublé, passant de 14% à 29% des cas (5). Cette augmentation au fil du temps, était indépendante de la gravité des cas. De plus, nous avons estimé que 80% de ces prescriptions étaient évitables, c'est-à-dire qu'elles auraient plus être remplacées par des antibiotiques moins sélectifs en terme de résistances bactériennes. D'ailleurs, le traitement par céphalosporine était arrêté précocément ou désescaladé en cours d'hospitalisation dans 49% des cas. Tous ces éléments concordent pour envisager une dérive des pratiques d'antibiothérapie probabiliste des pneumonies aux urgences, consistant en une utilisation souvent non justifiée de céphalosporines.
La promotion du Bon Usage des antibiotiques passe par les Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication. Nous avons mis en place avec le TICE de l'Université de Nantes un programme de formation des internes et des médecins des urgences du CHU de Nantes, à type d'e-learning, et visant à promouvoir l'économie des fluoroquinolones et des céphalosporines dans les infections respiratoires basses (6). L'effet de cette formation sur les pratiques est en cours d'évaluation.
Améliorer l'usage des antibiotiques en diminuant les durées de traitement
La réduction de la consommation d'antibiotiques peut aussi être obtenue en réduisant la durée d'antibiothérapie. Il existe deux façons de réduire la durée d'antibiothérapie des pneumonies (7). La première consiste à utiliser des dosages itératifs de procalcitonine pour guider la décision d'initier puis d'arrêter l'antibiothérapie. La seconde consiste à réévaluer le diagnostic après 6 à 24 h de traitement, et à viser un traitement de 5 jours, tel qu'il est recommandé par l'IDSA. Ces 2 stratégies sont actuellement comparées par un essai randomisé multicentrique, dirigé par le Dr Emmanuel Montassier.
REFERENCES
1. Batard E, Ollivier F, Boutoille D, Hardouin JB, Montassier E, Caillon J,Ballereau F. Relationship between hospital antibiotic use and quinolone resistance in Escherichia coli. Int J Infect Dis. 2013 Apr;17(4):e254-8.
2. Montassier E, Batard E, Massart S, Gastinne T, Carton T, Caillon J, Le Fresne S, Caroff N, Hardouin JB, Moreau P, Potel G, Le Vacon F, de La Cochetière MF. 16SrRNA Gene Pyrosequencing Reveals Shift in Patient Faecal Microbiota During High-Dose Chemotherapy as Conditioning Regimen for Bone Marrow Transplantation. Microb Ecol. 2014 Apr;67(3):690-9.
3. Duchêne E, Montassier E, Boutoille D, Caillon J, Potel G, Batard E. Why is antimicrobial de-escalation under-prescribed for urinary tract infections ? Infection. 2013 Feb;41(1):211-4.
4.Montassier E, Corvec S, Hardouin JB, Potel G, Batard E. Use of fluoroquinolones and third-generation cephalosporins in the emergency department: an 11-year survey. Eur J Emerg Med. 2014 Jan 30. PMID: 24487125.
5. Goffinet N, Lecadet N, Cousin M, Peron C, Hardouin JB, Batard E, Montassier E. Increasing use of third-generation cephalosporins for pneumonia in the emergency department: may some prescriptions be avoided? Eur J Clin Microbiol Infect Dis. 2014 Jan 18. PMID: 24442608.
6. Javaudin F, Montassier E, Goffinet N, Quilliot F, Potel G, Batard E. L’e-learning interactif comme outil de développement professionnel continu : évaluation de la participation à un programme de formation au bon usage des antibiotiques dans un service d’urgences. Ann Fr Med Urg 2014. DOI 10.1007/s13341-014-0428-4
7. Montassier E, Goffinet N, Potel G, Batard E. How to reduce antibiotic consumption for community-acquired pneumonia? Med Mal Infect. 2013 Feb;43(2):52-9.
L'usage des antibiotiques favorise l'émergence et la diffusion des résistances des bactéries aux antibiotiques. Deux classes d'antibiotiques, les céphalosporines et les fluoroquinolones, ont une capacité particulière à sélectionner des résistances bactériennes, comme nous l'avons montré, grâce à une collaboration avec le centre MedQual et l'Observatoire des Antibiotiques de l'OMEDIT des Pays de la Loire, à propos de la résistance d'Escherichia coli aux fluoroquinolones dans les hôpitaux et cliniques des Pays de la Loire (1).
Les antibiotiques sélectionnent les bactéries résistantes aux antibiotiques dans la flore résidente, et en particulier dans la flore digestive. L'étude du microbiote intestinal a été révolutionnée par le développement des nouvelles techniques d'amplification génique, qui ont levé le voile sur les bactéries non cultivables de la flore digestive. La maîtrise de ces nouvelles techniques et leur analyse bio-informatique offre de nouvelles opportunités dans la compréhension des mécanismes du portage d'Entérobactéries résistantes aux antibiotiques (2).
Améliorer l'usage des antibiotiques en favorisant la désescalade
En milieu hospitalier, les céphalosporines et les fluoroquinolones sont souvent prescrites dans les infections urinaires. Cette prescription, réalisée sur un mode probabiliste, est justifiée au début du traitement des infections urinaires parenchymateuses. Cependant, l'évaluation de la sensibilité de la bactérie en cause aux antibiotiques (antibiogramme) devrait permettre de "désescalader" l'antibiothérapie, c'est-à-dire de remplacer l'antibiothérapie initiale à large spectre (céphalosporine ou fluoroquinolone), par un antibiotique à spectre plus étroit, moins à même de sélectionner des résistances bactériennes. Cette désescalade n'est cependant pratiquée que dans moins de la moitié des cas (46%) où elle pourrait être faite (3).
Améliorer l'usage des antibiotiques en maîtrisant les prescriptions probabilistes
La surveillance des quantités d'antibiotiques délivrés peut être réalisée à l'échelle d'un service hospitalier. Dans notre service d'urgences, nous avons montré que la consommation de céphalosporines de 3ème génération a augmenté entre 2002 et 2012, passant de 9.7% à 22.6% de la consommation totale d'antibiotiques (4). Une étude multicentrique est en cours pour confirmer ces données au niveau national.
A côté des infections urinaires, les infections respiratoires basses constituent un motif fréquent de prescriptions d'antibiotiques aux urgences. Nous avons montré qu'entre 2002 et 2012, la proportion de patients traités par céphalosporine pour pneumonie aux urgences avait doublé, passant de 14% à 29% des cas (5). Cette augmentation au fil du temps, était indépendante de la gravité des cas. De plus, nous avons estimé que 80% de ces prescriptions étaient évitables, c'est-à-dire qu'elles auraient plus être remplacées par des antibiotiques moins sélectifs en terme de résistances bactériennes. D'ailleurs, le traitement par céphalosporine était arrêté précocément ou désescaladé en cours d'hospitalisation dans 49% des cas. Tous ces éléments concordent pour envisager une dérive des pratiques d'antibiothérapie probabiliste des pneumonies aux urgences, consistant en une utilisation souvent non justifiée de céphalosporines.
La promotion du Bon Usage des antibiotiques passe par les Nouvelles Technologies de l'Information et de la Communication. Nous avons mis en place avec le TICE de l'Université de Nantes un programme de formation des internes et des médecins des urgences du CHU de Nantes, à type d'e-learning, et visant à promouvoir l'économie des fluoroquinolones et des céphalosporines dans les infections respiratoires basses (6). L'effet de cette formation sur les pratiques est en cours d'évaluation.
Améliorer l'usage des antibiotiques en diminuant les durées de traitement
La réduction de la consommation d'antibiotiques peut aussi être obtenue en réduisant la durée d'antibiothérapie. Il existe deux façons de réduire la durée d'antibiothérapie des pneumonies (7). La première consiste à utiliser des dosages itératifs de procalcitonine pour guider la décision d'initier puis d'arrêter l'antibiothérapie. La seconde consiste à réévaluer le diagnostic après 6 à 24 h de traitement, et à viser un traitement de 5 jours, tel qu'il est recommandé par l'IDSA. Ces 2 stratégies sont actuellement comparées par un essai randomisé multicentrique, dirigé par le Dr Emmanuel Montassier.
REFERENCES
1. Batard E, Ollivier F, Boutoille D, Hardouin JB, Montassier E, Caillon J,Ballereau F. Relationship between hospital antibiotic use and quinolone resistance in Escherichia coli. Int J Infect Dis. 2013 Apr;17(4):e254-8.
2. Montassier E, Batard E, Massart S, Gastinne T, Carton T, Caillon J, Le Fresne S, Caroff N, Hardouin JB, Moreau P, Potel G, Le Vacon F, de La Cochetière MF. 16SrRNA Gene Pyrosequencing Reveals Shift in Patient Faecal Microbiota During High-Dose Chemotherapy as Conditioning Regimen for Bone Marrow Transplantation. Microb Ecol. 2014 Apr;67(3):690-9.
3. Duchêne E, Montassier E, Boutoille D, Caillon J, Potel G, Batard E. Why is antimicrobial de-escalation under-prescribed for urinary tract infections ? Infection. 2013 Feb;41(1):211-4.
4.Montassier E, Corvec S, Hardouin JB, Potel G, Batard E. Use of fluoroquinolones and third-generation cephalosporins in the emergency department: an 11-year survey. Eur J Emerg Med. 2014 Jan 30. PMID: 24487125.
5. Goffinet N, Lecadet N, Cousin M, Peron C, Hardouin JB, Batard E, Montassier E. Increasing use of third-generation cephalosporins for pneumonia in the emergency department: may some prescriptions be avoided? Eur J Clin Microbiol Infect Dis. 2014 Jan 18. PMID: 24442608.
6. Javaudin F, Montassier E, Goffinet N, Quilliot F, Potel G, Batard E. L’e-learning interactif comme outil de développement professionnel continu : évaluation de la participation à un programme de formation au bon usage des antibiotiques dans un service d’urgences. Ann Fr Med Urg 2014. DOI 10.1007/s13341-014-0428-4
7. Montassier E, Goffinet N, Potel G, Batard E. How to reduce antibiotic consumption for community-acquired pneumonia? Med Mal Infect. 2013 Feb;43(2):52-9.
Activités / CV
CURSUS
Depuis septembre 2012, Professeur des Universités – Praticien Hospitalier, Université de Nantes (Faculté de Médecine, Thérapeutique), CHU de Nantes (Urgences)
2008–2009 : chargé de projet, Haute Autorité de Santé
2007-2008 : chercheur-associé, Synchrotron SOLEIL, Gif-sur-Yvette (91)
2003-2012 : Chargé d’enseignement, Université de Nantes et Assistant spécialiste puis Praticien Hospitalier, Urgences, CHU de Nantes
2001-2003 : Chef de clinique assistant, Urgences, CHU de Nantes
FORMATION
Habilitation à Diriger des Recherches, Université de Nantes, 2011
Docteur de l’Université de Nantes, discipline Sciences de la vie et de la Terre, spécialité Thérapeutique, 2005
Capacité de Médecine d’Urgence, Faculté de Médecine de Nantes, 2004
DES de Médecine Interne, Faculté de médecine de Nantes, 2001
Diplôme d’Etat de Docteur en Médecine, qualification en Médecine Interne, Faculté de médecine de Nantes, 2001. Prix de thèse avec Médaille d’Or.
DEA Maladies transmissibles et pathologie tropicale, Université de la Méditerranée Aix-Marseille-II, 2000.
DIU de Statistiques appliquées à la médecine, options Epidémiologie et recherche étiologique (1997) et Recherche Clinique (1996), Université Paris-VI (CESAM)
Depuis septembre 2012, Professeur des Universités – Praticien Hospitalier, Université de Nantes (Faculté de Médecine, Thérapeutique), CHU de Nantes (Urgences)
2008–2009 : chargé de projet, Haute Autorité de Santé
2007-2008 : chercheur-associé, Synchrotron SOLEIL, Gif-sur-Yvette (91)
2003-2012 : Chargé d’enseignement, Université de Nantes et Assistant spécialiste puis Praticien Hospitalier, Urgences, CHU de Nantes
2001-2003 : Chef de clinique assistant, Urgences, CHU de Nantes
FORMATION
Habilitation à Diriger des Recherches, Université de Nantes, 2011
Docteur de l’Université de Nantes, discipline Sciences de la vie et de la Terre, spécialité Thérapeutique, 2005
Capacité de Médecine d’Urgence, Faculté de Médecine de Nantes, 2004
DES de Médecine Interne, Faculté de médecine de Nantes, 2001
Diplôme d’Etat de Docteur en Médecine, qualification en Médecine Interne, Faculté de médecine de Nantes, 2001. Prix de thèse avec Médaille d’Or.
DEA Maladies transmissibles et pathologie tropicale, Université de la Méditerranée Aix-Marseille-II, 2000.
DIU de Statistiques appliquées à la médecine, options Epidémiologie et recherche étiologique (1997) et Recherche Clinique (1996), Université Paris-VI (CESAM)
Mis à jour le 26 novembre 2024.